Dès que nous désirons acquérir quelque chose, nous nous transformons en acheteur, et cet acheteur vise à obtenir l’objet ou le service recherché au plus bas prix possible. On peut toutefois se demander si le plus bas prix est le meilleur prix. Dans la mesure où je ne pense qu’à mon propre intérêt à court terme, payer moins cher, c’est mieux. Mieux pour moi mais en fait, ce montant d’argent que je débourse sert à rétribuer plusieurs personnes/entreprises qui ont contribué à concevoir, produire, rendre accessible et vendre le produit ou le service en question. Rien de nouveau dans cette réflexion me direz-vous, le concept du commerce équitable vise justement à répondre à cette préoccupation. Différents types d’organisme nous proposent des produits pour lesquels on nous certifie que le travailleur qui a participé à sa production a reçu un juste salaire.

C’est bien mais ça demeure très limité, une goutte d’eau dans l’océan de la consommation. Dans les principes de base du vivre-ensemble, il me semble qu’on devrait y retrouver la notion de payer à l’autre le juste prix pour son effort, son génie, son savoir-faire. Si on se sent d’attaque pour envoyer des humains sur la lune, on devrait être capable de se donner des mécanismes qui me permette de savoir si je paie le juste prix pour le bien ou le service que j’achète. Ça ne sera certe pas simple car la mondialisation de la production rend cet exercice complexe. Un travailleur de Malaysie doit être payé combien pour vivre adéquatement dans son pays versus un travailleur canadien qui ferait le même travail ? Et combien un ingénieur devrait être payé en comparaison d’un ouvrier agricole ?

Ces questions sont complexes mais ne devraient pas nous décourager. Ne rien faire revient à cautionner le système actuel où tout le monde essaie de rétribuer le moins possible l’autre, qu’il soit travailleur, industriel, négociant ou détaillant. Le consommateur veut payer le plus bas prix possible, le détaillant recherche le fournisseur au meilleur marché, l’industriel cherche à payer le moins possible ses ouvriers, une vraie chaîne de prédateurs tous plus gourmands les uns que les autres. Il serait peut-être temps que nous, les êtres humains, nous nous comportions en organismes intelligents capables de réfléchir autrement qu’en termes de survie sans égard aux autres.

Quelle évolution ce serait si la majorité d’entre nous se posait toujours la question: est-ce que je paie le juste prix pour ce produit ou service ? Faire en sorte qu’on acquière ce qui peut rendre notre vie plus sûre, plus agréable, plus excitante, mais pas au détriment des autres.